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Suite et fin de mon dossier reprenant le documentaire Princesses, Pop Stars & Girl Power, à voir et revoir sur Arte +7. Il étudie et décrypte le rapport ambiguë qui perdure entre le féminisme, la consommation, et la girl culture.
Quand la société de consommation se réapproprie les revendications féministes
Au début des années 90, les Riot Girls écrivaient slut (salope, en anglais) en gros et au marqueur, sur leur corps. L’idée véhiculée par l’insulte « salope » est la négation du plaisir féminin puisqu’une femme qui jouit de sa sexualité se conçoit comme un être vil, sournois peut-être. On refuse de croire qu’on puisse être une femme de bonnes intentions en écoutant son désir. Alors que ce n’est absolument pas incompatible. D’ailleurs, n’hésitez pas à jeter un œil sur cette boutique de lingerie sexy si jamais vous êtes à la recherche d’une petite tenue au charme affriolant.
Au Royaume-Uni, les producteurs récupèrent ce mouvement de libération des femmes et donnent naissance aux Spice Girls. Bien qu’il s’agisse d’un groupe composé uniquement de femmes qu’on voulait montrer fortes, les Spice Girls ont été recrutées au travers d’une petite annonce, et proposent une alternative hyper sexualisée et matérialiste de la féminité. Leur chanson la plus connue Wannabe clame : « I tell you what I want, what I really want. What I really really really want. I wanna I wanna I wanna I wanna really really really zigazig ha ». Affirmer que les femmes veulent un zigazig ha est une prise de position qui n’engage à rien, et réduit la volonté féminine à un univers de vacuité. Elles n’émettaient aucune critique d’ordre social, mais elles sont alors présentées comme le summum du pouvoir dont peut disposer une femme.
L’avènement du féminisme girly
Néanmoins, le Girl Power est à l’origine d’une stratégie nouvelle et inattendue d’émancipation incarnée par le personnage de « la Revanche d’une Blonde ». Elle propose un féminisme fun et girly, qui participe au succès professionnel et personnel de la femme moderne. La féminité n’entrave plus la réalisation de soi, mais l’encourage. « Être ultra féminine est devenu le moyen le plus branché de surmonter les clichés sexistes » nous dit la voix off du reportage. C’est ce qu’on appelle le féminisme de la troisième vague. Il se fonde sur une certaine ironie et un second degrés, qui est la preuve que les femmes ont assimilé les injonctions rétrogrades qui les entourent et en ont repris possession à leur avantage ! On n’oppose plus le féminisme aux jolis bijoux fantaisie ou aux jupes courtes à paillettes. C’est dit, les femmes font ce qu’elles veulent !
Malheureusement, dans la pratique, le message n’est pas très clair. Il mène parfois (souvent) à la reproduction de clichés sexistes notamment véhiculés par la pop culture. On pense à la chanson Blurred Lines de Robin Thicke qui a été défendue par de très nombreuses célébrités féminines. Un groupe de jeunes femmes a d’ailleurs repris et inversé en terme de genre la chanson, pour donner naissance à Defined Lines, une parodie drôle et sarcastique, qui a connu un certain succès.
Une égalité qui se laisse désirer
Preuve que l’égalité est encore loin, ce mois-ci dans l’Hexagone Eric Zémour s’en prend dans son livre Le suicide français à la condition féminine. Il est notamment le chantre d’une partie de l’opinion qui refuse aux femmes la complexité qui caractérise tout individu. Il prétend notamment que la domination de l’homme sur la femme est une chose qu’elles recherchent et qui s’inscrit dans leur ADN. Selon lui, la domination sociale de l’homme serait naturellement sexuellement excitante pour les femmes. Il entérine ainsi un état de fait avilissant pour ce qui constitue une moitié de l’humanité. Il est soutenu intellectuellement par un nombre conséquent de hauts dirigeants politiques.