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Je m’intéresse aujourd’hui à la traduction. Ayant eu affaire à une agence de traduction dans le cadre professionnel, je me suis interrogée sur ce secteur proche de mon métier et ma passion, l’écriture. La traduction est un savoir-faire qui se base sur la langue, sa grammaire, son orthographe à l’écrit, sa syntaxe, avec la particularité d’en maitriser deux (au moins). C’est admirable, quand on voit la difficulté pour bon nombre d’en utiliser une seule. C’est également un savoir-faire en danger, face à l’essor de logiciels et outils automatiques qui font le job (mal). Cet exercice est littéraire forcément, et tout traducteur et traductrice est par essence un peu philologue. Par amour du bon mot, je vous parle aujourd’hui des langues, sans lesquelles les métiers de la traduction n’existeraient pas.
Langage
Commençons par la base. C’est un système de communication à base de signaux que l’on capte par les sens, utilisé par les animaux et plus particulièrement les humains. On parle de quatre étapes indispensables : produire un signal, le transmettre, le recevoir et l’interpréter. Cela fait intervenir pêlemêle les sons, les mouvements, les hormones, les contacts, les formes…
Langue
C’est un système de communication à base de signes (écrits, parlés, exécutés) répandu dans la communauté humaine, parmi d’autres langages utilisés. Ça évolue en permanence, n’en déplaise à mon prof de philosophie grecque qui rejetait complètement la réforme orthographique de 1990. Il y aurait plus de 6000 langues dans le monde.
Langue naturelle
Sont considérées naturelles les langues qui évoluent au fil des siècles par leur pratique généralisée et variant par le contact d’autres langues. C’est ainsi un objet social.
Langue construite
Il s’agit d’une langue fabriquée intentionnellement par des auteurs et autrices, soit par volonté d’abattre la frontière intangible mais bien concrète que représentent les langues, ou au contraire pour affirmer un quant-à-soi et une confidentialité entre membre d’une communauté. Certaines finissent par être plus utilisées que des langues naturelles (l’espéranto). Certaines sont créées uniquement pour du divertissement (langues de mondes fictifs) avec parfois un travail linguistique phénoménal (clin d’œil à J.R.R. Tolkien).
Langue maternelle/natale/parentale/première
C’est la langue dans laquelle un enfant baigne dès sa naissance, dont il intègre les sons, intonations et lexique, puis qu’il ou elle reproduit quand les capacités requises (physique et intellectuelle) arrivent à maturité. Il est possible d’en avoir plusieurs (voir multilinguisme).
Dans les métiers de la traduction, c’est vers cette langue (ou ces langues) que la personne traduit toujours, à partir d’une autre langue dite langue source ou langue de départ, ceci afin d’assurer un rendu le plus authentique possible. C’est alors ce qu’on appelle la langue cible ou langue d’arrivée.
La langue maternelle la plus utilisée au monde est le mandarin, avec 921,5 millions de locuteurs et locutrices premières. C’est ensuite l’espagnol, puis enfin l’anglais (qui l’eût cru ?).
Langue seconde
C’est une autre langue que celle maternelle et que l’on apprend en dehors du foyer, que cela soit par contact fréquent avec des personnes parlant une autre langue, ou à l’école. On considère qu’après l’âge de 12 ans, toute langue apprise est une langue seconde.
La langue seconde la plus utilisée au monde est l’anglais (ah !).
Langue vernaculaire
C’est une langue propre à une population et/ou zone géographique, une communauté. Le mot vient du latin « venacle », l’esclave né à la maison, et par extension tout ce qui est fait-maison ou propre à une communauté. Pour la petite histoire, cela en a fait toute une au IXe siècle quand l’Église a dû généraliser les messes en langue vernaculaire plutôt qu’en latin (langue liturgique, propre à une communauté religieuse), tout simplement parce que les croyants et croyantes ne comprenaient plus le latin.
Langue véhiculaire
C’est une langue utilisée et comprise entre plusieurs communautés qui n’ont pas la même langue vernaculaire. Par exemple, l’anglais est la langue véhiculaire par excellence, utilisée par le plus de locuteurs et locutrices (premiers et seconds, cela fait 1,268 milliards de personnes). Autre exemple, le français est encore aujourd’hui aussi une langue véhiculaire dans de nombreuses institutions internationales, ceci par héritage historique, puisqu’elle a longtemps été la langue diplomatique en Europe (après 1648 et le latin et avant 1919 et l’anglais) et aussi grâce aux Jeux olympiques (créés par le Français Pierre de Coubertin qui a imposé sa langue comme langue de travail).
Le taux de véhicularité est le rapport entre locuteurs premiers et seconds d’une langue. Quand il y a plus de personnes parlant telle langue en langue seconde que de personnes pour qui elle est maternelle, c’est une langue à fort taux de véhicularité (l’anglais, le français, l’indonésien, l’ourdou, le swahili, le thaï…).
Langue active
C’est une langue que l’on parle ou écrit.
Langue passive
C’est une langue que l’on lit ou écoute.
Bilingue, trilingue… polyglotte ou multilingue
Une personne qui maitrise plusieurs langues est multilingue, le nombre faisant qu’elle est bi, tri, quadri-lingue, etc. De plus, il n’est pas nécessaire d’avoir plusieurs langues maternelles pour être multilingue, cela peut être, en plus d’une langue maternelle, une ou plusieurs langues secondes, y compris passives. Les traducteurs et traductrices sont, de fait, multilingues.
Locuteur/locutrice
C’est une personne qui utilise une langue, à tous les niveaux possibles, c’est-à-dire même sans en avoir jamais rien appris de façon scolaire ou théorique.
Linguiste
Le ou la linguiste est un ou une scientifique qui étudie les langages, et donc certains d’entre eux, les langues.
Combinaison linguistique
Dans la traduction, c’est l’ensemble langue source-langue cible. Il existe des combinaisons de traduction possibles dans toutes les langues.
Langue cible
Dans le domaine de la traduction, la langue cible est la langue vers laquelle un document doit être traduit (donc la langue maternelle du ou de la traductrice).
Langue source
Encore un terme propre à la traduction professionnelle, la langue source est celle dans laquelle est rédigé le document à traduire, ou la langue utilisée par une personne et qu’il faut traduire simultanément à d’autres personnes lors d’un interprétariat.
Je crois avoir traité tous les termes sur la langue qu’on peut rencontrer dans le domaine de la traduction. Si par hasard il y en a d’autres, n’hésitez pas à m’en parler en commentaire, je les ajouterai !