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Certaines blessures de l’histoire sont encore mal refermées. L’Allemagne, avec son passé tourmenté, en est l’un des meilleurs exemples : il existe encore environ 30 000 personnes adhérant à l’idéologie néonazie, certains d’entre eux étant même des militants engagés. Pour devenir plus attractif, le Parti d’extrême droite allemand (NPD), assimilé à ces mouvements, tente aujourd’hui de s’offrir un « relooking ».

Crane rasé, pantalon de treillis et rangers aux pieds, voilà à quoi ressemble habituellement un partisan de l’idéologie néonazie. On les appelle les skinheads (en relation avec leur cuir chevelu vierge) et ils sont le symbole d’un nationalisme pour beaucoup dérangeant. C’est afin de détruire ce symbole agressif que les plus jeunes membres du NPD (principalement Andy Knape le président des Jeunes Démocrates Nationaux) entendent donner un nouveau look à leur mouvement et attirer de nouveaux adeptes…

C’est ainsi qu’il y a quelques semaines les médias allemands ont commencé à parler des « nipsters », ces jeunes néonazis s’habillant selon la vague hipster du moment. En empruntant les nouveaux codes de la pop culture ils espèrent faire oublier leur image négative tandis que parallèlement la Cour fédérale tente de bannir le NPD. Le courant hipster vient donc à être détesté en Allemagne, étant assimilé à une sorte d’uniforme que tente de s’approprier les néonazis.

Pourtant être un hispter va plus loin que porter des lunettes rondes et des slims de couleur. Selon les sociologues il s’agit d’une part consumériste de la population qui forme un pont entre une culture en marge qu’ils revendiquent et celle du plus grand nombre. Et c’est en ce sens que les « nipster » représentent l’avenir de l’Allemagne selon Patrick Schroeder. Ce grand blond d’une trentaine d’année est un des membres les plus représentatifs du néonazisme, devenu connu en diffusant chaque semaines des vidéos orientées via sa chaîne FSN.tv sur internet. Comme de nombreux autres militants ces derniers temps, il fait passer son message au travers de supports appartenant à la pop culture comme la diffusion de musique durant l’émission. Et la encore, surprise : en plus de l’habituel rock néonazi on trouve maintenant beaucoup de rap et de hip-hop. Alors perdent-ils la tête ? Abandonnent-ils l’essence de leur identité en utilisant de la musique appartenant à la communauté noire ? Pour Schroeder la réponse est non : il faut dissocier la musique, qui est juste un support attrayant pour transmettre ses idées, de ses origines afro-américaines. Et c’est dans cette idée que naissent des shows de cuisine nazis ou encore des Harlem Shakes au message explicite. Et si leurs méthodes sont décriées elles semblent néanmoins efficaces : les groupuscules ne cessent de s’agrandir et accueillent de plus en plus de filles… Quelle idée ! J’en connais qui devraient plutôt s’offrir un vrai relooking 06  pour occuper leur temps.